top of page

Préface

« Se former une conscience commune comme pour échapper à la peur de la solitude, au désir d’individualisme, pièce par pièce, mot par mot, mot à mot, se rappeler à une conscience politique, comme pour “y être”, ou “en être” au sein même de ce puzzle, être pièce, et parce que chaque pièce agit sur le rapport social à l’autre, le tout ouvre à l’imagination et au pouvoir d’actionner une possible transformation sociale et culturelle du monde. »

Whouaaaah ! Carrément !


C’est ce que nous avions rédigé lors de la présentation du projet

« Le plus grand puzzle du monde » à Méru.
Depuis, ce puzzle a été monté et s’est montré au monde rappelant ainsi à chacun l’extraordinaire qui est en nous tous.
Aujourd’hui que reste-t-il de ce montage géant ?

Il y a des jours où tout semble facile. La douceur de la lumière propose des rencontres, et le nez se trouve en l’air, à humer la saveur d’être. Quand cela arrive, nous savons, vous savez que tout peut arriver, tout est ouvert.


Le voisin nous sourit, les chiens courent pour jouer, le son du rebond des ballons lancés par les ados nous rappelle nos propres jeux d’enfance, et les affiches que nous croisons nous donnent envie de tout découvrir.

C’est simple, agréable et tout semble beau.


Il y a des jours où rien ne va. Il pleut et, même s’il y a un léger rayon de soleil, de toute façon il va pleuvoir de nouveau. Le voisin semble tout faire pour nous mener la vie difficile, les enfants font trop de bruit avec leurs ballons et on a envie de ne rien voir. C’est compliqué, désagréable et tout semble laid.
Deux émotions, deux sentiments, deux façons d’être.

Nous ne connaissons pas nécessairement la pièce manquante qui nous fait passer de l’une à l’autre, tant elles semblent en opposition.
Pourtant s’il y a « pièce manquante », immanquablement il y a « pièce en plus ». S’interroger sur la pièce en plus dans nos vies, voilà un exercice qui fait la part belle à la résilience.

Se poser la même question à l’échelle d’une journée, c’est peut-être saisir l’opportunité de laisser tranquillement disparaître la pièce manquante ou pièce en moins, dans un coin de notre tête, et se rendre compte de l’existence de la pièce en plus.
À l’échelle de l’instantané, pile au moment où nous respirons, se poser cette question : « Quelle est la pièce en plus ? », c’est comprendre que la vie est présente, en train de passer et de se passer devant nous et en nous, avec tout ce qu’il y a dedans. Oui toutes les émotions sans exception. Ainsi, les jours où rien ne va, c’est là que vient à nous, au moment peut-être où on s’y attend le moins, croisé au hasard d’une rue, le sourire d’un participant à la construction du puzzle.

Un sourire frais, qui dit tout ce que le bonheur de la rencontre a de vrai. Alors, sans que nous fassions quoi que ce soit, sans que nous puissions agir sur quoi que ce soit, tout redevient éclairé, et le switch en nous s’opère.

Voilà ! « la pièce en plus » du projet, c’est ce qui reste et fait perdurer l’émotion des moments partagés, et en vivre de nouveau, et de nouveau, comme dans une boucle intemporelle.
C’est avec ce sentiment que nous sommes entrés dans les écoles.

       

       

Nous avons été reçus chaleureusement par le corps enseignant et les élèves.
Nous leur avons posé cette question simple : « C’est quoi, pour vous, à Méru, la pièce en plus qu’on ne trouve nulle part ailleurs ? »
Dans le regard des enfants, c’était évident,
Méru est grand, beau et brille.


S’interroger sur la pièce en plus de Méru, voilà un exercice qui fait la part belle à la résilience de cette ville.
Se poser la même question à l’échelle de l’enfance, c’est peut-être saisir l’opportunité de laisser la pièce en plus apparaître tranquillement dans un coin de notre imagination.

Les histoires que vous allez découvrir sont des histoires vraies, puisqu’elles proviennent de rêves d’enfants et d’adolescents.
C’est cela aussi qui nous fait avancer : le rêve, l’espoir et l’espérance. C’est ce que nous mettons dans chacun de nos projets, comme une pièce en plus à vivre, d’autant plus importante qu’elle crée la rencontre avec vous.

On peut imaginer alors, qu’au détour d’une vie mouvementée, un jour, ces créateurs d’histoires en herbe, devenus grands, toujours à Méru pour certains, et ailleurs pour d’autres, se laisseront happer par la redécouverte de ce livre, tombé d’une armoire ou d’une étagère. Ils s’en saisiront et d’un geste nonchalant y poseront un regard dé- taché. Puis, de manière involontaire, comme un retour aux sources, une ou plusieurs pièces en plus de leur enfance réapparaîtront peut-être.

La véritable pièce en plus de toute cette aventure de plus d’une année de travail, est en train de se produire en ce moment même : vos yeux en train de lire ces mots, votre façon d’en penser quelque chose, votre présence par l’envie de poursuivre ces pages.

       

       

Considérer les rêves qui furent les vôtres, qui sont encore les vôtres, en tant que vraie plus-value de vie, et qui vous font certainement avancer, votre incroyable pièce, votre pièce en plus.

Alors, ce petit livre modeste et génial raconte des histoires d’un supplément d’être de cette ville, Méru, et de ses habitants.

                                                      Catherine Lecor & William Herremy

bottom of page